Le feuilleton des Éphémérales

Si les Éphémérales étaient initialement un modeste projet de land art, ils se sont rapidement imposés comme un vaste programme éditorial écrit et illustré par ma pomme et publié, faute de mieux, aux éditions du même nom. Créé à parution du premier ouvrage, ce blog nous balladera dans les coulisses de ce projet jusqu'à sa clôture en 20??. Ecrivez-moi

lundi 19 juillet 2010

Amo, ergo sum. Et toc !

Il est en amour des temps d’extase, des instants de fusion, de partage absolu. On y croque l’étincelle de toute une vie et cela vaut pour une éternité. J’aurais voulu croire que c’était juste ça l’amour : extatique, fusionnel, généreux… et mes deux amants de finir, tels Philémon et Baucis, changés en arbre nourricier.

Alors je lançais des grains de pollen en l’air et les regardait choir, attendant une multitude, des naissances à la pelle. 

Mais je vis mes amants, dos à dos, se désunir dans un fragment de soleil alors même que je croyais célébrer le printemps dans une explosion de jaune et de bleu…




La suite fut plus déprimante encore : solitude navrante d’un amour amputé, précipité vers la chute ;  bouquet éparpillé dont les fleurs se sont brisées sur un coin de nappe blanche… Il y avait eu discorde, rupture, comme il arrive parfois, dans la vraie vie. 


 


« Y a de la haine » et « il faut bien qu’on la mette kekpart », chantaient les Rita. Et tout cela à cause d’un rouge sang que mon hymne estival avait laissé pénétrer la toile.



D’humeur chagrine, j’ai laissé encre et eau de mêler librement, sans prendre garde aux gouttes que mon pinceau bavait sur le papier. Dans cette fragilité, cette maladresse acte manqué, mes grains de pollen, sphères d’Aristophane avant la scission, s’apprêtèrent à toucher une toute jeune famille.



Décidément, je n’avais pas très envie de m’appesantir sur les douleurs. Ce n’était ni ma place, ni mon désir.

« Amo ergo sum ! », vous dis-je !

Sur ces paroles résolues, je retourne à Coste Belle voir le polygonum embrasser mes amants. Je pars goûter les fraises des bois qui peut-être auront mûri à leur pied. Bref, je m’en vais savourer les couleurs, les vibrato et les odeurs de mon « rempart de brindilles ». 

Je me fais la belle au jardin des Éphémérales.

Très bel été à tous.

Anne

PS : les deux toiles passe-muraille (Complémentaires de printemps et Complémentaires d'été - technique mixte sur et sous toile) sont au petit format (Ah ! les rigueurs budgétaires  ;-(( ) 40 x 40 cm. Les photos sont des photos passe-muraille de ces deux toiles. Les encres sur papier torchon (dans l'ordre : la Discorde, la Rupture, la Relève) sont au format 23 x31 cm.