Le feuilleton des Éphémérales

Si les Éphémérales étaient initialement un modeste projet de land art, ils se sont rapidement imposés comme un vaste programme éditorial écrit et illustré par ma pomme et publié, faute de mieux, aux éditions du même nom. Créé à parution du premier ouvrage, ce blog nous balladera dans les coulisses de ce projet jusqu'à sa clôture en 20??. Ecrivez-moi

vendredi 25 février 2011

Saison 2 - Episode 1 (suite) : Onoma


Les Éphémérales - saison 2 - épisode1 . Moi océanique. Superposition sur carton mousse. 19,5x26,5 cm


Tous. Enclins au même destin : festins de charognards, nids puants de milliards de larves, cendres et poussière. Puis la pluie, le vent, le ruissellement… et ce retour, océanique, à la terre nourricière.

Dans le silence, le temps digère.

Nous voici dégradés en corps purs, nos codes génétiques détruits, annulés. Fichiers introuvables.




Nos mots étaient-ils nés de ces absences décomposées ? Avions-nous mis des noms pour mémoire, des mots pour dire qui et d’autres pour dire quoi, pour dire pendant l’absence, ce qui n’est pas et celui qui n’est plus ? Comment avions-nous su dessiner ces passages ? Que savions-nous alors des temps océaniques ? Était-ce d’avoir souffert d’être arrachés du monde le jour où nous naissions pour courir, forcenés, goûter quelque pitance avant de disparaître ? Était-ce pour garder près de soi l'aimé, notre alter ego ?



Les Éphémérales - saison 2 - épisode1 . Sein océan - Collage sur papier torchon - 13x18cm


Les Éphémérales - saison 2 - épisode1 . Pour que tu demeures - encre sur photo imprimée sur papier aquarelle - 25,5x17,5cm



Nos mots disaient l’avant et racontaient l’après, ils disaient le présent et la terre derrière l’horizon. Perchés sur notre langage nous regardions au-delà, élargissant les limites de notre être. Nous devenions le langage et le langage devenait tout.

Dans cet empire de mots, nous devînmes un empire.





Les Éphémérales - saison 2 - épisode1 . Onoma. technique mixte sur toile. 60 x 120 cm. Inachevé

Autour du totem, le clan écoutait le chaman réveiller les morts pour annoncer les fils.

Les mots avaient armé les poètes.

Peu à peu, la vie s’installait dans les mémoires.

Le temps s’est étiré.

(à suivre)

vendredi 11 février 2011

Éphémérales - saison 2



Si vous avez manqué la saison 1, le livre des Errances est consultable en ligne (lire le livre). Il a été tiré 20 exemplaires numérotés et signés de cet ouvrage aux éditions MaPomme (contactez-moi).

Épisode 1
AVANT LE SCRIBE


Les Ephémérales II, Le temps d'aimer (en haut), le Commencement de la fin (ci-dessus).
Techniques mixte sur papier torchon. 36 x 51 cm.


Ils avaient parcouru les océans, minuscules amibes flottant au gré des courants.
Ils avaient rampé: lézards glissant sur le sable humide, proies trop faciles de monstres gigantesques aux carapaces d’écorce. Ils avaient caché au cœur des arbres leur immense faiblesse et avaient fouillé, assis sur la branche, les poils pouilleux de leurs semblables.
Debout, ils virent que le jour sortait de terre chaque matin et explorèrent la vie derrière l’horizon.

Adam, Eve, singes et guenons, amants ou amis, deux ou cinq milles libérés sur la sphère, qu’importe ce qu’ils furent : quand ils s’aimèrent, tout changea.

Ils arrêtèrent leur chemin à la dépouille de leur semblable et protégèrent leur propre destin des multitudes grouillantes : ils pleuraient l’absence et allumaient des souvenirs.

Le passé vibra dans les nuits protégées et l’on se demanda si ces morts qui visitaient le sommeil n’étaient pas comme la lune : une présence par bribes, qui parfois vous éclaire, aujourd’hui ou demain.

Je sais si peu de ceux-là, disparus depuis trop longtemps.

Peu à peu effacés dans l’oubli du silence, ils auraient même pu ne jamais avoir été.

Les Ephémérales II, Thanatos. Collage de photos peintes et technique mixte sur toile. 60 x 80 cm.
(pour voir les détails de la toile, cliquez sur les images ci-dessous)

(à suivre)

samedi 5 février 2011

Soulage(s)-moi

Aimer…
Aimer, vous dis-je !

Mais pourquoi, si ça doit faire si mal ?

Pour toucher l'infini, le beau absolu, cachait Socrate dans le secret de Démocrite



Erreur, ça fait trop mal, poétisait Lucrèce fuyant la passion dans une discipline de fer : méticuleusement, les aimer toutes et tous, pour n'en aimer aucun. (Lucrèce, dit-on - mais le fait est discutable - se serait suicidé…).


Parce qu'il n'est pas de plus grand plaisir que d'aimer et d'être aimé, se réjouissait Montaigne (signalons au passage que Montaigne a été quelque peu léger pour assumer descendance et vie de famille…)




Pour l'infini, pour l'extase : "De quelles étoiles sommes-nous tombés l'un vers l'autre", aurait dit Nietzsche à Lou à leur première rencontre.



Moi, je peux juste pas m'en passer. Et vous, pourquoi aimez-vous ?

FIN DE LA SAISON 1
(à moins que vos réponses n'en constituent l'épilogue…)